Ceci est le premier article d’une série sur l’Intelligence Artificielle (IA). Si l’on considère que l’IA cherche à rendre la machine intelligente comme l’Homme, les champs d’applications sont immenses. (raisonnement, vision, parole, etc…)
Notre modeste contribution vise à comprendre certains concepts de l’IA mais surtout voir ce que l’IA peut apporter à la documentation technique. Dans ce cadre, nous nous attardons uniquement sur les aspects de l’IA qui ont ou auront des impacts sur le métier de la rédaction technique.
Un engouement justifié?
Le 10 mars 2020, les Alpes-Maritimes ont ouvert la première Maison de l’Intelligence Artificielle à Sophia Antipolis. Cet espace se veut à la fois pédagogique pour le grand public et un centre d’approfondissement pour les professionnels. A la Réunion, la Mascareignes Artificial Intelligence Academy propose depuis 2019 des formations sur ces technologies du futur. La multiplication de ces initiatives et la médiatisation croissante des usages de l’Intelligence Artificielle (IA) posent de nombreuses questions, éthiques bien sûr mais aussi techniques et professionnelles.
L’IA n’est-elle qu’un effet de mode ? Ou bien parle-t-on de technologies qui modifient profondément et durablement notre quotidien ?
Chez Captain Doc, notre coeur de métier reste la documentation et l’information technique. Cependant, nous sommes à l’écoute du marché pour proposer des solutions innovantes à nos clients, et c’est pour cela que nous nous sommes intéressés à la question de l’intelligence artificielle. Et que nous travaillons par ailleurs, en partenariat avec des start-ups de l’IA ! Nous avons donc posé pour vous la question “qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?” aux spécialistes, ceux qui l’utilisent au quotidien ou ceux qui la programment.
Intelligence Artificielle Faible VS Intelligence Artificielle Forte
Pour Jimmitry Payet, chercheur en IA et fondateur d’Innov-AI, il faut distinguer deux définitions selon le contexte:
- Pratiquer une Intelligence Artificielle : c’est-à-dire permettre à la machine d’effectuer, de manière très spécifique, certains traitements réservés en général au cerveau humain. On parle alors d’intelligence artificielle faible;
- Écrire et construire une Intelligence Artificielle : écrire une machine possédant un intérieur autonome. On parle alors de machine qui pense, d’intelligence artificielle forte.
Le chercheur donne des exemples concrets. Dans le cas d’une intelligence artificielle faible, la pratique de cette technologie nous permet principalement de gagner du temps : “Par exemple, prenons une base de connaissances. Munie d’une bonne interface de reconnaissance vocale en frontale : je demande à la machine en mode vocal, elle recherche et me donne le savoir. Et le temps est gagné !”
Par contre, l’usage d’une intelligence artificielle forte détient une autre finalité : “Le gain sera la réflexion automatisée. Je n’aurai plus besoin de réfléchir, elle le fera pour moi.” Pour voir des exemples d’Intelligence Artificielle Forte, vous pouvez visionner les vidéos de Jimmitry sur https://www.mentdb.org/
Machine Learning, quézaco ?
Pour qu’une machine effectue des traitements à votre place (IA faible voir ci-dessus), il faut les lui apprendre. Avez-vous déjà été bluffé par la pertinence des playlists de Spotify générées en fonction de vos goûts musicaux ou des suggestions d’achats d’Amazon correspondants à vos envies du moment ?
Il n’y a pas de magie derrière. Le système récolte un grand nombre de données, les traite, dessine un modèle et reproduit un comportement, c’est le principe du Machine Learning, voir la définition qu’en donne Oracle (1).
Les applications sur le marché sont nombreuses, cela va de la reconnaissance vocale à l’aide à la décision pour fixer des prix par exemple. Mais aussi jusqu’aux robots-jouets pour petits et grands enfants comme Cozmo.
Plus votre système collectera de données, plus il sera capable d’apprendre et plus pertinentes seront ses actions. Ce qui suscite évidemment de nombreuses interrogations sur la protection des données personnelles. Tout est-il “collectable” ? A quelle fin ?
Et la documentation dans tout cela ?
Vous vous dites “OK, c’est bien beau tout ça, mais quel rapport y a-t-il avec la documentation technique? Est-ce qu’on pourra rédiger automatiquement des modes d’emploi par exemple? Comment le métier de rédacteur est-il impacté par l’irruption de ces nouvelles technologies ?”
Au quotidien, Captain Doc utilise deux applications basées sur l’intelligence artificielle : Deepl, un outil de traduction automatique et Grammarly, un assistant d’orthographe et de grammaire. Elles ne remplacent pas un être humain mais permettent d’être beaucoup plus efficace et rapide.
Pour la rédaction automatique de documents, on y arrive. Certaines entreprises proposent par exemple déjà la rédaction automatique de documents financiers. Ce qui nécessite tout de même une relecture et une validation bien humaine de ces documents pour le moment !
On pourrait donc pleurer sur la disparition à terme des rédacteurs techniques, remplacés demain par l’intelligence artificielle. C’est sans compter sur les nouvelles possibilités enthousiasmantes ouvertes par l’IA, et qui révolutionnent le métier !
Notre pari chez Captain Doc, c’est que ces nouvelles technologies faciliteront l’accès à l’information technique pour tous. Et qu’il y aura toujours besoin de spécialistes pour l’organiser, la rédiger, nourrir ou entraîner les systèmes d’Intelligence Artificielle en amont. Car pour qu’une IA soit efficace et donne les bonnes réponses, il faudra toujours des rédacteurs pour poser les bonnes questions !
Par exemple sur les sites webs aujourd’hui, on complète de plus en plus souvent la Foire Aux Questions par un chatbot plus intuitif et pédagogique. Le chatbot, IA rédactionnelle, sera lui aussi peu à peu remplacé par de la reconnaissance vocale.
La recherche vocale constitue une porte d’entrée très prometteuse, qui ouvre l’accès à l’information aux personnes illettrées, mal-voyantes ou handicapées. Imaginez qu’au lieu d’ouvrir avec difficulté votre manuel de four micro-ondes page 147, section 1.3.2, il vous suffira de poser la question à votre enceinte connectée !
Pour aller plus loin encore et dans le respect des droits, l’analyse des données issues de vos réseaux sociaux ou autres traces sur internet pourra aussi permettre de personnaliser l’information. Si vous êtes un pur geek ou allergique à l’informatique, vous n’aurez pas la même explication. Si vous souhaitez approfondir le sujet, sachez que le consortium Information 4.0 travaille sur ces questions.
Bref, toute une panoplie d’opportunités s’ouvre. Nous détaillerons les applications de l’Intelligence Artificielle dans un prochain article. Restez connectés !
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(1) “Le Machine Learning, ou apprentissage automatique, est capable de reproduire un comportement grâce à des algorithmes, eux-mêmes alimentés par un grand nombre de données. Confronté à de nombreuses situations, l’algorithme apprend quelle est la décision à adopter et créé un modèle. La machine peut automatiser les tâches en fonction des situations.”